Faut-il manger bio?


Révélations : le bio n'est pas meilleur pour la santé que l'agriculture conventionnelle "non-bio", tel est en substance le message "choc" qui fut repris par la presse pour vendre l'étude réalisée pour le compte de l'agence sanitaire britannique sur les valeurs nutritives de l'"organic food", la nourriture bio. C'est un peu la palissade qui nous est ici révélée, croire que le bio a de meilleures valeurs nutritives relève bien du domaine de la religion, il y a comme partout du bon et du moins bon, du bon et du mauvais gout.

Par contre fait étrange, aucune enquête sérieuse n'a pu être menée à ce jour sur l'effet des pesticides (herbicides, insecticides et fongicides), ces produits conçus pour tuer, et sur l'interaction de toutes ces molécules pour le corps et la santé humaine. Tel est en substance le message porté par les auteurs du livre "Pesticides : révélations sur un scandale français".

Ce que l'on y apprend? Que le système français privilégie toujours les gros, l'industrie plutôt que la raison des petits, plutôt que la protection de l'environnement. Que donc, quand un danger est repéré, avant d'avoir des autorités qui prennent à bras le corps le problème, elles font tout pour minimiser les risques malgré l'évidence. Et cela fonctionne. A chaque fois ce sont 10, 15 ou 20 ans qui sont gagnés. Gagnés pour les industriels, perdus pour nous, pour l'environnement.

Les temps changent, mais n'est-il trop pas tard? Les pesticides sont partout, ils s'accumulent. Tout comme les PCB se sont accumulés dans nos rivières, nos estuaires, tout comme les nitrates se répandent dans les sols et les nappes phréatiques, les pesticides se répandent dans la terre, l'eau et nos aliments puis dans nos veines pouvant provoquer de nombreuses maladies. Comme le PCB et l'amiante, les effets des pesticides sont connus, pas forcément scientifiquement détaillés, mais par le biais de suffisamment d'observations pour constater les dégâts.

Alors quand soudain, un cheval meurt parce qu'il perce une poche d'H2S, que son cavalier s'en tire de justesse, que ce gaz, mortel, à l'odeur d'œuf pourri quand il n'est pas encore mortel, puisse être associé à des plages, alors même que c'est le pire ennemi des égoutiers, alors là, les autorités se saisissent du problème.
à droite : les algues vertes un danger pour l'homme?
Trop tard! Les nitrates et leurs conséquences sont connus, archi-connus de toutes les personnes en tant soit peu concernés par les problèmes d'environnement. Déjà il est abondamment cité dans le livre parut en 2002 "Combien de catastrophes avant d'agir", déjà Nicolas Hulot en pleine présidentielle. Il faut donc que des effets visibles dans les médias prennent une tournure dramatique pour que enfin les nitrates soient un petit peu mis à l'index. Et pourtant l'Europe condamne régulièrement la passivité de la France face à ce problème.

Pour les pesticides il en va de même. Nos fruits et nos légumes ont tellement l'air inoffensifs, les molécules sont tellement invisibles qu'elles ne peuvent pas nous nuire. Erreur. Elles sont bien là, actives, dans nos cellules, dans le lait maternel, dans le sperme, modifiant sans doute nos métabolismes.

Alors si une étude vous informe que le bio n'apporte pas de plus value nutritive, il faut la croire. Et il faut comprendre, que le bio n'est pas une affaire de goût, mais bien une affaire de santé publique. Il faut comprendre que plus les plantes sont traitées, plus elles ont besoin d'être traitées. Il faut simplement comprendre que le bio ne contient pas de pesticides et que c'est pour cela que c'est meilleur pour votre santé.

Il faut comprendre, que ce sont les consommateurs qui doivent agir. La concurrence entre les états européens, dans le domaine agricole, est une aberration absolue. Course au prix désastreuse car course au rendement, à la productivité. Pour autant les auteurs du livre l'affirment : utiliser des pesticides en permanence enrichit avant tout l'industriel, pas l'agriculteur qui doit utiliser de plus en plus de produits phyto-sanitaires pour "rester dans la course".
ci-contre les tomates cerises "bio" du jardin
Il faut enfin comprendre, que notre système doit évoluer et revenir à une agriculture non pas raisonnée, mais une agriculture respectueuse de l'environnement. L'usage des pesticides, c'est comme les anti-biotiques : c'est pas automatique!

En clair un ouvrage à parcourir pour bien comprendre un système, d'ailleurs reproductible dans d'autres secteurs de l'économie française. Un ouvrage qui incite à réflechir à son mode de consommation.

Quelques liens complémentaires que vous pouvez enrichir :
http://www.victimes-pesticides.org/
http://www.pesticides-etudes.mdrgf.org/
http://www.observatoire-pesticides.gouv.fr/
http://www.pesticides-non-merci.com/


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